Posted on 27 Apr 2024
Au lycée, pas vraiment besoin de faire de planning : les devoirs imposent de facto des révisions à faire, de même que la fréquence des contrôles. En PACES, les choses se compliquent un peu mais si votre faculté propose suffisamment de TD et votre tutorat des concours blancs en nombre, il y a fort à parier que les simples révisions pour toutes ces échéances suffise à vous faire réviser tous les cours comme il faut. En revanche à partir de la 2e année, et a fortiori de la 4e quand l’externat commence, il devient quasi-indispensable de s’organiser un planning de révision. Il est en effet fréquent de ne pas avoir le temps d’aller en cours et de toutes les façons c’est la première fois que l’on a à apprendre et retenir des connaissances pour plus d’un semestre : il faudra bien se souvenir de l’intégralité de la 4e et la 5e année pour affronter le concours de l’internat. Un planning de révisions est donc un outil essentiel pour structurer ses journées de travail.
Le but de cette entrée est d’esquisser quelques grands principes pour la concoction d’un planning, à différents stades de l’année, et de présenter quelques outils qui peuvent faciliter leur réalisation.
Pour pouvoir savoir quoi réviser chaque jour, il faut d’abord savoir ce qu’il y a au programme. Ça a l’air trivial à première vue mais il n’est parfois pas aisé de se procurer la liste des items exigibles à vos partiels. Si vous n’arrivez pas à mettre la main dessus, partez du principe que tous les items au sommaire du référentiel de la matière sont au programme. Cette stratégie vous fera peut-être réviser quelques items au mauvais moment, mais au moins vous ne perdrez pas de temps à arpenter les sites de votre fac et les groupes Facebook à la recherche d’une liste d’items.
Maintenant que vous savez quoi réviser, il faut déterminer une deadline : jusqu’à quand avez-vous pour assimiler les items identifiés ? Généralement il s’agit de la date de vos partiels.
Une fois en main du programme et de votre deadline, la confection du planning peut commencer !
Pour débuter, il peut être intéressant d’estimer rapidement la charge de travail que vous devrez gérer jusqu’à votre deadline. Le principe de base consiste à diviser le nombre de cours au programme par le nombre de jours qui vous sépare de la deadline. Cela vous permet de déterminer le nombre de cours à voir par jour.
Il peut être intéressant de comparer différents scénarios :
Il est important d’avoir son agenda sous les yeux quand on comptabilise les jours de travail potentiel. Il faut notamment faire attention à vos gardes et vos repos de garde : on a souvent tendance à être un peu trop optimiste sur ce qu’on peut faire un lendemain de garde. Même problématique si vous avez des jours de stage en journée complète : on ne fait pas la même chose entre 19 h et 21 h un jour avec stage et un jour sans stage. Autre point important pour choisir le nombre de jour au dénominateur : les jours tampons. On est jamais à l’abri d’une crise de flemme aiguë, d’une urgence à gérer ou d’une garde à reprendre à la dernière minute. Il est donc important de dédier des créneaux dans sa semaine pour rattraper un éventuel retard.
Une fois que vous avez ces différents nombres d’items par jour à voir, vous pouvez ressortir votre calculatrice : diviser le nombre d’heures que vous prévoyez de dédier à vos révisions par jour par le nombre d’items à revoir par jour. Cela vous permet de voir si le nombre d’items par jour est réaliste. Pour un item classique d’une vingtaine de pages, il faut en général compter au moins 1 ou 2 heures. Mais bien sûr cela dépend de chacun, vous êtes la seule personne qui peut interpréter ce nombre d’heures par item de façon critique.
Vous pouvez maintenant comparer vos différents scénarios en fonction du nombre d’heures qu’ils vous laissent pour chaque item. Le choix final résulte d’un difficile compromis entre réalisme et désir de perfomance. Vous devez jongler entre travailler beaucoup de jours pour avoir du temps pour chaque item et travailler peu de jours pour avoir plus de temps libre.
Ce principe de base de calculs de coin de table est très facile à appliquer si vous ne comptez voir les items une seule fois avant l’examen. Cependant il est plus que conseillé de faire plusieurs tours sur un même item avant la deadline. Comment faire ?
Il y a pas mal de façons d’adapter les calculs ci-dessus pour gérer plusieurs tours.
Je prêche un peu pour ma paroisse vu les nombreux contenus sur Anki que j’ai rédigés mais je ne peux pas ne pas le mentionner ! Si vous fichez des cours sur Anki, une fois passé la phase de création des cartes, le logiciel se chargera lui-même de votre planning de révision : pas de besoins de gérer plusieurs tours. La seule chose à faire c’est de prendre en compte le temps passé à réviser vos cartes dans les calculs de coin de table ci-dessus.
Si vous comptez faire des tours en période étanches, c’est-à-dire ne pas commencer le tour 3 tant que tous les items n’ont pas été vus 2 fois, il suffit de séparer le temps qu’il vous reste jusqu’à la deadline principal en autant de sous-périodes que vous souhaitez faire de tours. Les calculs se font exactement de la même façon. L’avantage de cette méthode est qu’une fois que vous aurez organisé le planning pour la première période, il suffira de le dupliquer tel quel pour les suivantes.
Si vous voulez voir chaque cours 3 fois, il suffit de multiplier le nombre total d’items à voir par 3. L’avantage de cette méthode est de pouvoir facilement faire varier le nombre de tours pour évaluer le réalisme de chaque proposition.
La méthode des J, on ne la présente presque plus : le principe est de voir chaque cours à J0, puis à J3, puis à J7, puis à J21, etc. Vous pouvez faire varier les intervales comme bon vous semble. Génial sur le papier, cette méthode devient difficile à gérer avec beaucoup de J et beaucoup de cours : plus il y a de J, moins il faut voir de cours ; et plus il y a des cours à voir, plus il faut espacer les J. Le risque est soit de ne pas pouvoir voir tous les cours, soit de ne pas les revoir assez fréquemment. Fort heureusement, la méthode des J est généralement gérable sur l’intervale d’un trimestre/semestre.
Il y a pas mal de façons différentes d’implémenter cette méthode. Dans vos calculs de coin de table, vous pouvez diviser chaque jour en 2 parties distinctes : une pour voir les items une première fois (et les calculs se font comme avant) et une pour revoir les items selon la méthode des J.
Si vous arrivez à retenir les choses avec peu de tours, une solution peut être de se garder une période de révision ultime avant la deadline. Par exemple, vous vous réservez deux semaines pour tout revoir avant les partiels. Il faudra alors enlever ces deux semaines dans vos calculs de coin de table.
Avant de passer à la suite, il existe parfois une méthode magique pour savoir combien d’items revoir chaque semaine (et mêmes lesquels revoir quel jour) ! Il s’agit du planning des cours de votre faculté. Si les cours sont régulièrement espacés dans le trimestre/semestre, il vous suffit de suivre ce planning pour adopter le rythme de révisions voulus par vos enseignant·e·s.
Bon normalement avec tous ces calculs votre nappe est bien coloriée, vous savez combien de tours faire, combien d’items réviser par jour, et combien de temps prendre pour réviser chaque item. La prochaine étape est optionnelle : il s’agit de répartir les cours sur chaque journée pour savoir quoi réviser chaque jour.
En théorie, si vous savez combien d’items vous devez faire chaque jour, pas besoin de prévoir particulièrement lesquels vous réviserez aujourd’hui. Vous pouvez en effet vous contenter de réviser selon vos envies le nombre d’items fixés pour chaque jour. L’avantage principal de faire ainsi est de ne pas tomber dans le micro-management à outrance de son temps (more on this below). L’inconvénient est de reporter ad vitam æternam les items que vous aimez le moins.
Si en revanche, vous aimez vous posez le moins de question possible sur votre programme de la journée, il peut être opportun de répartir les items sur les différents jours de travail que vous avez à disposition. Pour que ce planning ne se modifie pas chaque jour, les jours tampons sont cruciaux pour rattraper votre retard, par exemple chaque semaine.
Si les items du deuxième cycle des études médicales sont souvent indépendants les uns des autres, il y a quand même parfois un ordre à respecter. Par exemple, ça peut être compliqué d’aborder les items sur les soins palliatifs dans le désordre. Pour ne pas s’exposer à ces risques, plusieurs options devant vous :
Ce n’est pas forcément un travail à faire dès le début du trimestre/semestre. Vous pouvez très bien le faire au début ou à la fin de chaque semaine. Cela aura d’ailleurs pour avantage d’espacer les items avec la connaissance des items précédents. En effet, il est possible que vous identifiez des liens entre items que vous aurez alors envie de voir plus ou moins proches.
Il y a quelques grosses erreurs que l’on peut faire dans la réalisation d’un planning qu’il faut avoir en tête pour les éviter autant que possible.
Apprendre ses cours, c’est très important. Mais ce n’est pas sur ça que l’on va vous évaluer. Et ce n’est pas comme ça que vous serez un professionnel compétent. Il faut pouvoir et savoir les appliquer dans des situations concrètes. Pour la plupart des gens, cela implique de s’entraîner. C’est donc crucial de prévoir des créneaux d’entraînement dans son planning. Que ce soit pour faire des QCM, préparer ses présentations en stage, ou faire des sous-colles entre camarades.
À vous de voir comment vous souhaitez caler ces entraînements dans votre planning. Voici deux options autour desquelles on peut broder :
La planning fallacy fait référence à un bias cognitif en lien avec un optimiste mal mesuré : on a souvent tendance à sous-estimer le temps que nous prendra une tâche. Ne surestimez donc pas vos capacités dans vos calculs de coin de table ! Que ce soit pour la vitesse à laquelle vous pourrez traiter un item ou que ce soit au niveau du nombre d’heures de travail que vous êtes capables d’enchaîner chaque jour.
Il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse et ne pas assez charger son planning. Cela étant dit, c’est un risque moindre puisque les calculs de coin de table vous assure de pouvoir finir le programme avant l’échéance.
Faire un planning revient plus ou moins à automatiser à l’avance une tâche clé de votre vie d’étudiant·e : savoir ce que l’on va réviser et s’assurer que ça sera fait dans les temps. Comme toute tâche d’optimisation et d’automatisation, il faut faire attention à ne pas y dépenser plus de temps que vous n’allez en gagner. C’est illustré avec humour dans ce petit tableau de l’excellent xkcd. La principale réserve que l’on peut émettre à cette objection est que la confection d’un planning peut être un tâche satisfaisante en soit pour certain·e et que donc y passer beaucoup de temps n’est pas une corvée, au contraire.
Vous pouvez enfin appliquer ce concept clé de l’endocrinologie et de la néphrologie à vos révision : les boucles de rétro-action. Il est vital d’utiliser vos données de révisions du passé pour prévoir celle du futur. Au fur et à mesure de l’avancée du trimestre/semestre, vous allez pouvoir considérablement affiner l’estimation de vos capacités. Vous saurez en combien de temps vous pouvez avaler un item, quelle sera votre productivité en lendemain de garde, combien de jours de repos vous avez besoin par semaine. Utilisez ces informations pour faire de meilleurs programme par la suite !
Et pour finir, le risque principal qui fait la synthèse de tous ceux évoqués ci-dessus ! Prévoir ses révisions, c’est bien. Réviser, c’est mieux. Ne tombez donc pas dans le micro-management à l’extrême de votre temps de révisions. Le planning est là pour vous aider à savoir quoi faire et le faire dans les temps. Il est peu probable que vous ayez besoin de milimétrer vos journées à la minute près. Il y a un compromis à trouver quant au niveau de détails que vous devez mettre dans la réalisation de vos plannings.
Bon tout ça c’est très bien, mais concrètement, on utilise quoi pour faire son planning ?
Compte tenu de l’ampleur du programme, il peut être opportun d’avoir un outil où sont répertoriés au minimum tous les items au programme et la date à laquelle vous les avez vus. Le plus simple est de se constituer (ou récupérer) un tableur dans votre logiciel préféré (Microsoft Excel, Google Sheet, Notion, Libre Office, Numbers, ou que-sais-je). Vous pourrez l’agrémenter d’autres colonnes pour s’adapter au plus près de vos besoins (par exemple, 3 petites heures à la BU vous permettront d’ajouter une colonne référençant les référentiels traitant chaque item). Un autre avantage, plus lointain mais non moins important, est de vous apprendre à vous servir d’un logiciel omniprésent dans le monde professionnel.
Dans ce tableur, une deuxième feuille sera nécessaire pour indiquer quels items sont au programme de chaque trimestre/semestre. Si vous organisez votre travail en fonction du programme des cours de votre fac, cela pourra prendre la forme d’une colonne pour chaque module et une ligne par semaine : chaque case répertoriera alors les items à voir une semaine donnée. C’est ensuite en piochant dans ce tableau que vous pourrez savoir quoi faire chaque semaine.
Qu’il soit papier ou numérique, il s’agira d’inscrire pour chaque jour les cours à faire. Comme dit précédemment, à partir du moment où vous avez la liste des items à voir ce trimestre/semestre et que vos calculs de coin de table vous ont aidé à détermienr le nombre d’items à voir par jour, c’est un travail que vous n’êtes pas obligés de faire dès le début du trimestre/semestre. Cela peut tout à fait se faire à chaque début de semaine.
C’est souvent très satisfaisant de cocher ou rayer une tâche accomplie. Se faire une to-do liste des items à revoir est donc un outil souvent utilisé. À nouveau, elle peut être papier ou numérique si vous utilisez des applications qui permettent d’en faire (Obsidian, Notion, ToDoist, Notes, Notable, LogSeq, Samsung Notes, ou que-sais-je).
Si vous reprenez votre tableur, vous pouvez très bien ajouter un colonne “Fait/Pas fait” ou bien une autre “Date prévisionnelle”.
Si vous utilisez des outils numériques pour gérer vos révisions, pensez à faire des sauvegardes régulières de vos données. Le problème se pose peu si vous utilisez des applications en ligne. En revanche, si tout est disponible uniquement sur votre ordinateur, vous courrez à la catastrophe en cas de vol ou d’accident.
Faire des sauvegardes tous les n jours, c’est s’autoriser à perdre n jours de travail !
Même si cela peut paraître laborieux, réaliser un planning ne devrait pas vous prendre plus d’une ou deux demie-journée de travail. Une fois réalisé, vous n’aurez quasi plus à penser à ce que vous devez réviser et cela offre une tranquilité d’esprit très appréciable.
Pour vous donner une base, je vous propose ce tableur qui est basé sur celui que j’ai utilisé pour préparer les EDN. Ne le voyez pas comme un monolithe à utiliser tel quel : déjà il faudra sûrement un peu mettre à jour la liste des référentiels avec l’arrivée prochaine de celui de médecine générale, et surtout j’espère vous avoir convaincu qu’un planning est quelque chose de personnel, une recette de cuisine à adapter à vos besoins et vos envies !