Posted on 11 Sep 2024
Le but de cette entrée est de donner quelques conseils généraux que j’aurais bien aimé avoir en début d’externat pour travailler au mieux les ECOS. Ces astuces sont donc destinées au Léo du passé : rien ne garantit qu’elles soient adaptées au vous du présent. Fiez-vous aux enseignant·e·s qui rédigent des sujets d’ECOS ou celles·ceux qui sont impliqué·e·s dans l’épreuve nationale, c’est sans doute eux qui vous donneront les informations les plus utiles1.
Je ne reviendrai pas ou très peu sur le format de l’épreuve puisque je ne pourrais que paraphraser l’excellent vademecum du candidat auquel je vous renvoie donc2.
En préambule et conclusion, je vous propose mon carnet des erreurs pour les ECOS ! Comme d’habitude, si cela vous plaît, vous pouvez me laisser un pourboire sur cette plate-forme
Le programme du deuxième cycle est publié en annexe du journal officiel3.
Pour les EDN, le programme est constitué d’une liste d’items (367 depuis 2020) chacun affabulé d’une liste d’objectifs. Ce sont ces objectifs qui sont opposables : si une connaissance n’est pas rangeable derrière un objectif, elle n’est pas exigible aux EDN4. La déclinaison de ces objectifs que l’on trouve sur le LiSA ou dans les référentiels des collèges enseignants aident et guident l’apprentissage des étudiant·e·s mais n’ont pas de valeur légale. Qu’en est-il pour les ECOS ?
Pour les ECOS, le programme est uniquement constitué d’une liste de situations de départ ou SDD. Pour chacune d’entre elle, le LiSA propose des intitulés d’attendus d’apprentissage. Équivalents des objectifs des items, ils ne sont pas détaillés à ce jour (septembre 2024)5. Les collèges enseignants ne se sont pas encore emparés du sujet et ne produisent donc pas de référentiels dédiés qui viendraient détailler ces attendus d’apprentissage, à l’exception du Collège des universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales qui ont détaillé les SDD d’infectiologie dans l’édition 2023 du Pilly Étudiant.
Les attendus d’apprentissage ne sont pas opposables et se veulent plus être une aide ou un guide au travail personnel. Ils sont séparés en 3 catégories :
Le programme peut sembler déroutant à première vue puisqu’il ne semble pas y avoir de supports de cours dédiés. C’est une première impression qui est néanmoins fausse, pour au moins 3 raisons :
À noter que le conseil scientifique en médecine en charge de la rédaction des sujets des ECOS nationaux a mentionné au cours d’une conférence organisée en collaboration avec l’ANEMF et d’échanges avec le TACFA rapportés sur un groupe Facebook d’étudiant·e·s en médecine que les ECOS n’était pas censés ajouter des points par rapport au programme des EDN, ou alors à la marge. C’est une information capitale à prendre en considération. En effet, les intitulés des attendus d’apprentissage sont suffisamment vagues pour potentiellement alourdir considérablement le programme des ECOS par rapport aux EDN. Par exemple, dans la situation de départ 015 Anomalie de couleur des extrémités, il y a un attendu intitulé “Chercher les facteurs favorisants, notamment médicamenteux, de l’acrosyndrome” qui demande possiblement énormément de recherche puisque l’item correspondant ne mentionne que les médicaments que pour le phénomène de Raynaud. Mais en tenant compte de la remarque du conseil scientifique en médecine, on est vite rassuré et on a pas à entreprendre une recherche extensive.
À mon sens, ce qui différencie le plus les ECOS des EDN, ce n’est pas tant leur caractère oral que l’absence d’indices sur les réponses à fournir. Avant 20166, ce qui était alors les ECN étaient composés de questions rédactionnelles. Il fallait donc être capable de restituer (recracher diront les plus cyniques) son cours et non “simplement” le reconnaître comme le demandent les QCM. Les ECOS demandent à nouveau aux étudiants d’être capables de mobiliser leurs connaissances sans aide.
Je pense ne pas trop trop m’avancer en disant qu’un·e étudiant·e qui aurait préparé les ECN pré-2016 n’auraient pas eu trop de mal à passer les ECOS. Tout au plus aurait-elle·il dû s’entraîner un peu pour cerner le format des 8 min ou développer un peu une aisance relationnelle qui est souvent acquise sans effort en stage. En effet, si l’on voulait être très critique des ECOS et avec beaucoup de mauvaise foi, on pourrait dire qu’il s’agit ni plus ni moins que d’enchaîner une suite de mots clés qu’il faudrait déclamer avec volubilité, rien de bien différent de dossier clinique rédactionnel.
Pour les étudiant·e·s post-2016, les bons résultats aux ECN/EDN ne vont pas forcément de pair avec de bons résultats aux ECOS7. Il y a en effet des étudiant·e·s qui vont avoir travailler les EDN avec pour optique de répondre à des QCM et cela peut les mettre en difficulté devant une station d’ECOS. J’ai par exemple allègrement sauté les sections “Interrogatoire” et “Examen clinique” de mes référentiels pendant la préparation des EDN : d’une part ces informations étaient entièrement déductibles des étiologies et critères de gravité des pathologies au programme, d’autre part c’est souvent des éléments donnés dans les énoncés des QCM. Cela fonctionne à peu près sans soucis pour les EDN (quoique le conseil scientifique essaye de casser cette stratégie avec les QROC), mais pour les ECOS, c’est retour à la case départ et il faut enfin apprendre par cœur ou a minima retenir ces listes de questions et de signes à rechercher.
Une autre différence majeur avec les EDN est le volume d’entraînement. Vous faites probablement des QCM depuis votre arrivée en UFR de médecine. Vous maîtrisez ce format, vous connaissez les pièges, vous savez gérer votre temps. D’une part parce que vos examens facultaires vous ont fait passer des centaines voire quelques milliers de QCM. D’autre part parce que vous en avez vous-mêmes fait un paquet en vous entraînant sur les différentes sources à votre disposition. Vous êtes donc spécialistes des QCM, en quelque sorte.
En revanche, vous avez fait considérablement moins d’ECOS. D’une part car la lourdeur de leur organisation limite le nombre que peut vous proposer votre UFR. D’autre part parce que ce n’est pas la priorité avant les EDN. Vous êtes donc beaucoup plus novices pour cette modalité de contrôle des connaissances et vous ne maîtrisez pas les astuces basiques et les erreurs courantes à éviter.
La préparation des ECOS doit vous permettre de combler ces deux fossés : être capable de mobiliser son cours sans indice et s’approprier le format de l’épreuve.
Quel est le meilleur moment pour commencer à travailler les ECOS ?
Déjà je pense qu’il faut travailler les items des EDN avec les ECOS en arrière pensée. Concrètement cela incite à avoir en tête que l’objectif final, ce n’est pas la trois-centaine de QCM que vous passerez pour les EDN, mais la pratique en tant qu’interne. Il ne faut donc pas négliger les parties “Interrogatoire” et “Examen clinique” des référentiels. S’il ne s’agit pas de forcément les apprendre par cœur dès le début, il faut ne serait-ce que ne pas les sauter.
Le bon moment pour commencer à préparer sérieusement les ECOS va aussi dépendre du programme de votre UFR. Peut-être que vous avez des ECOS à passer chaque année pour valider votre année. Peut-être que vos validations de stage reposent en partie sur des ECOS. Ou peut-être que vous n’en entendrez pas parler avant la 6e année.
Si la 6e année semble être le dernier carat pour commencer à réviser sérieusement cette épreuve, on peut encore se poser des questions sur le timing optimum. Pour la première édition des ECOS en mai 2024, beaucoup d’étudiant·e·s n’ont pas tout de suite intégré que les cartes pouvaient être rebattues avec les ECOS. On a donc eu la chance de pouvoir se permettre de vivre la fin de l’année 2023 et le début de l’année 2024 pleinement concentrés sur nos stages et notre vie personnelle, puisque personne n’avait vraiment la tête dans le guidon des ECOS. Pour les années à venir, je ne sais pas ce qu’il en sera. Il faudra sonder l’ambiance autour de vous !
Pour tout de même fournir une réponse, début décembre ou début janvier de la 6e année semble un moment naturel pour débuter une préparation sérieuse et spécifique des ECOS.
Si c’est une épreuve pratique, il y a, comme on l’a vu, un corpus théorique à maîtriser : les 356 situations de départ. Je vous propose ci-dessous une méthode basée sur l’utilisation des fiches LiSA. Il y en a sans doute d’autres qui vont émerger avec le temps et le développement des supports de cours8. Pour l’instant, c’est le far west, ce qui est à la fois bien et pas bien : pas mal d’incertitudes mais aussi beaucoup de libertés pour construire son apprentissage !
Le vademecum des ECOS recommandant aux rédacteur·rice·s de sujet de partir des situations de départ, cela semble être un point logique par lequel commencer travailler la partie théorique des ECOS !
La lecture d’une fiche LiSA de SSD est vraiment très rapide : il s’agit simplement d’une liste d’attendus d’apprentissage en moins d’une ligne (souvent moins de 10 spécifiques de la situation abordée). Il y a selon moi 2 types d’attendus :
Le premier type incite à aller chercher des informations dans un autre support. Le deuxième type devrait plutôt être consigné dans un document personnel qui pourrait s’appeler Attendus d’apprentissage surprenants.
La ressource la plus naturelle et la plus souvent suffisante vers laquelle se tourner est sans discussion les référentiels que vous avez utilisés pour les EDN. Pas besoin forcément de relire les chapitres en entier : vous pouvez vous contenter de lire les parties liées à un attendu d’apprentissage.
Pour les SDD très transversales et qui ne correspondent pas à un item, cela peut être un peu plus compliqué. Si vous avez fiché tout le programme sur Anki ou que vous utilisez un paquet déjà fait, la barre de recherche vous permettra assez facilement de vous y retrouvez. En parallèle, vous pouvez vous plonger dans d’autres ressources moins spécifiques au deuxième cycle.
Vers quoi se tourner pour les SDD hors-programme EDN et celles très transversales ? Voici ce que j’ai utilisé mais cela n’épuise pas le champ des possibles, loin de là :
Une fois le coup de main pris, la difficulté ne réside pas tant dans la recherche de source que dans le filtrage efficace de la montagne d’informations sur laquelle vous allez tomber. Avoir en tête et se limiter à l’intitulé des attendus d’apprentissage est très utile.
Compte tenu de l’écosystème de la préparation du concours de l’internat, je pense ne pas prendre trop de risque en prédisant que les livres de fiches dédiés aux ECOS vont pulluler à partir de l’année prochaine si l’épreuve reste classante. En l’absence d’offres par les collèges enseignants, ces livres seront sans doute très utiles pour mâcher le travail de synthèse d’informations.
Il ne faut pas non plus négliger la théorie pour gagner les points de compétences. Le TACFA propose des conférences à ce sujet, en l’absence actuelle de ressources écrites sur le sujet (à ma connaissance).
Tout ce que vous aurez appris via cette phase est à traiter comme ce que vous avez appris avec les items :
Bon maîtriser le programme, c’est un pré-requis difficilement dispensable, mais l’entraînement en condition est indispensable. Tout comme pour les EDN, il faut s’assurer d’arriver à mobiliser ses connaissances. Et surtout un bon tiers de la notation repose sur des compétences relationnelles qu’il convient de développer et entretenir.
Évacuons tout de suite le sujet de l’investissement en stage. Les stages sont sans aucun débat un pré-requis indispensable à la réussite des ECOS. Néanmoins il convient de séparer deux points radicalement distincts :
Donc les stages, c’est très bien mais ce n’est peut-être pas assez pour avoir un volume d’entraînement suffisant. Il faut trouver d’autres sources de sujets.
Voici une proposition de typologie des sources d’entraînements qui fera peut-être l’objet d’une entrée à part comme celles pour les EDN un jour prochain :
À la différence des QCM où s’entraîner seul n’est pas un problème mais une évidence, pour les ECOS, c’est difficile de s’entraîner seul. Difficile mais loin d’être impossible. Lors de la première session des ECOS en mai 2024, 60% des stations étaient sans patient·e ni professionnel·le de santé standardisé·e : autrement dit des sujets où vous pouvez lire le sujet, donner votre proposition de réponse à l’oral, puis regarder la grille de correction. Deux points à noter :
Pour les stations avec patient·e ou professionnel·le de santé standardisé·e, il vous faut trouver des camarades avec qui composer. Idéalement, il faut sans doute être trois (un·e qui passe, un·e qui fait la·le patient·e ni professionnel·le de santé standardisé·e, et un·e qui note) mais on peut très bien s’en tirer à deux. Je pense qu’il y a 2 écueils dans lesquels il faut éviter de tomber quand on s’entraîne avec des personnes du milieu médical :
Si vous n’avez personne dans votre entourage pour vous entraîner, vous pouvez tenter le coup avec vos co-stagiaires : quand il y a des temps morts en stage, vos encadrant·e·s sont parfois OK pour vous libérer une salle pour que vous vous entraîniez. Vous pouvez aussi tenter votre chance sur des groupes Facebook d’étudiant·e·s en médecine pour faire des groupes inter-facs (ce qui peut être particulièrement intéressant pour vous partager des sujets d’annales de vos UFR respectives10).
Vous n’avez pas forcément besoin de vous rencontrer physiquement pour vos sessions (même si c’est plus sympa), les différentes options de visioconférence font très bien l’affaire.
Le point le plus important est d’être régulier. En vous entraînant régulièrement vous ne perdrez pas de vue l’objectif des ECOS nationaux et vous vous rappellerez notamment qu’il vous travailler les SDD. Cela peut sembler trivial dit comme ça, mais avec les stages à temps plein, on peut vite perdre de vue cet objectif.
Essayez donc de vous fixer un ou plusieurs créneaux hebdomadaires pour créer une routine.
Deux semaines peuvent sembler très courtes pour revoir 356 situations de départ : après tout vous avez eu plus de 3 mois pour revoir 367 items l’été dernier ! Pour autant, je pense que c’est suffisant pour faire un dernier tour.
C’est le moment de tirer parti de l’absence de source développant les SDD en détails : vous pouvez raisonnablement faire un tour de lecture de toutes les SDD en 2 semaines. 356 SDD en 15 jours, ça donne un peu plus de 20 SDD par jour. Cela vous laisse une vingtaine de minutes par SDD sur une journée de 7 heures, ce qui vous laisse 1 heure de plus pour vous entraîner avec un·e ami·e. 20 minutes, c’est suffisant pour lire et se remémorer les attendus d’apprentissage de la SDD et jeter un œil aux référentiels pour approfondir rapidement un point ou deux.
C’est aussi le moment de relire quotidiennement votre carnet des erreurs des ECOS pour perfectionner votre méthodologie.
Les ECOS sont une épreuve un peu particulière : elle marque à la fois le retour du par cœur et l’introduction de la prise en compte des compétences relationnelles ; la rareté des supports de cours laisse libre champ à tout le monde de travailler comme elle·il l’entend ; la préparation à cette épreuve se fait à plusieurs et l’on est plus isolé face à ses QCM.
Les clés de la réussite à cette épreuve sont à mon sens :
L’information la plus précieuse est sans aucun débat des grilles d’ECOS nationaux. C’est la seule et unique source qui vous permettra d’être sûr·e à 100% de ce qu’on attend de vous le jour J. Comme tout ce qui a trait aux corrections effectivement utilisées pour les épreuves du concours de l’internat, c’est aussi ce qui est le plus difficile à obtenir. ↩
Vous pouvez pour le moment (septembre 2024) le trouver sur le
site de l’UFR de médecine de l’université de
Tours ou sinon avec
Google et vademecum ECOS
↩
Voici celui en vigueur en septembre 2024 pour les items et pour les ECOS (très possible que les liens meurent vite). ↩
Pour les partiels d’UFR, c’est un peu plus compliqué. D’un côté, une connaissance non au programme ne devrait pas pouvoir tomber car cela créerait la possibilité de rater la validation du deuxième cycle pour une connaissance non au programme du deuxième cycle. D’un autre côté, chaque UFR propose des options qui vont au-delà. ↩
Tout porte à croire qu’ils seront détaillés un jour : on peut en effet cliquer sur leur titre et cela renvoie vers une page dédiée mais vide à l’heure actuelle (septembre 2024). ↩
Il me semble qu’il y a encore plus longtemps, il y avait aussi des QCM mais je ne suis pas très au fait de l’historique. ↩
Qu’en est-il maintenant ? À en croire les données des ECOS blancs et des EDN blancs de ma faculté pour l’année 2023-2024, la corrélation est bien meilleure que dans la publication sus-citée (en même temps, on partait de quasiment zéro). En revanche, elle est très inférieure à la corrélation entre les EDN blancs et les conférences de préparation aux EDN de ma faculté. Je ne communiquerai pas ces chiffres parce que je ne suis pas bien sûr d’avoir eu le droit de ne serait-ce que les calculer (RGPD toussa). Il y a énormément de façons d’interpréter ces informations et ce n’est pas le lieu de le faire. ↩
Par exemple, Anne Charon, directrice de collection La Martingale, a commencé à publier des fiches de cours pour chaque SDD au tournant 2023-2024. Il y a fort à parier qu’elles deviendront incontournables tant que les collèges enseignants ne se seront pas emparés du sujet. ↩
C’est encore moins si votre stage joue le jeu du statut de “super-externe” où vous n’aurez probablement pas plus de 2 patient·e·s à charge. ↩
Faîtes néanmoins attention aux droits d’auteur : il est parfois interdit de partager des supports de cours ou d’entraînement. ↩