📅 29 Jul 2025
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Après un nouveau hiatus un peu trop long, revoilà une entrée que l’on pourrait qualifier de saison ! Une fois les résultats des EDN ou des ECOS sortis, on voit fleurir (ou pulluler) tout un tas d’offres alléchantes : des fiches de cours concoctées par des étudiant·e·s bien classé·e·s dont le succès tiendrait à ces fiches qu’ils souhaitent vendre. Et les prix (comme les classements attenants) peuvent parfois voler très haut !
Le but de cette entrée est de donner quelques clés de réflexion et quelques questions à se poser avant de débourser potentiellement plusieurs centaines d’euros pour acquérir ce type de fiches.
Cette entrée est principalement inspiré d’un document similaire que j’avais écrit dans le cadre du groupe Facebook Anki x ECNi.
Un de mes conflits d’intérêt évident est que je propose un paquet gratuit. J’ai également travaillé pour un tutorat à destination des premières années d’études de santé.
Les fiches papiers se font de plus en plus rares, notamment à la vente. Cela tient pour au moins 3 facteurs. Tout d’abord, même si cela reste un support dominant, le numérique est de plus en plus utilisé par les étudiant·e·s dans le cadre de leurs études. Deuxièmement, les fiches papiers ne peuvent se vendre qu’à une personne alors que des fiches numériques n’ont de limite que le nombre d’acheteur·euse·s potentiel·le·s. Enfin, il existe une telle pléthore de livres de fiches disponibles dans le commerce ou en bibliothèque universitaire qu’il est difficile de voir la plus value que pourrait avoir une énième itération de fiches papiers.
Ce que l’on voit surtout maintenant, ce sont des offres de vente de fiche Anki. Même si c’est de moins en moins vrai chaque année, Anki reste un outil relativement nouveau et très peu connu des gens qui ne l’utilisent pas. Si la quasi-totalité des étudiant·e·s voient à peu près comment on pourrait utiliser un logiciel de traitement de texte pour faire des fiches, c’est beaucoup moins clair en ce qui concerne Anki. Beaucoup ne savent pas ce qu’est une flashcard et des mythes de super-efficacité entourent parfois Anki. Tout cela créé une situation peu lisible pour les étudiant·e·s que je me propose d’éclaircir un peu avec cette entrée.
Si vous n’avez jamais utilisé Anki avant, il est recommandé de vous renseigner sur le logiciel avant d’acheter un paquet. Si possible renseignez vous auprès de sources différentes (et notamment pas uniquement auprès de la·du vendeur·euse).
Anki est un logiciel de flashcard qui vous présente chaque jour les flashcards que vous avez besoin de revoir pour ne pas les oublier. Ce n’est pas une solution miracle qui vous permettra de réussir les EDN pour autant. C’est un outil, certes très puissant, qui peut certes grandement faciliter vos révisions, mais c’est avant tout un outil. Il faut donc apprendre à la manier (et ce n’est pas forcément évident).
Sachez tout d’abord qu’il existe au moins une dizaine de paquets de cartes gratuits. Je les avais à l’époque répertoriés dans ce document qui n’est plus à jour et dont je ne peux garantir la pérennité du lien. Certains sont à jour R2C, d’autres non ; certains fichent tout le programme, d’autres non ; certains ont beaucoup d’informations par carte, d’autres non. Bref, il y en a pour tous les goûts.
Il me semble impératif d’y jeter un œil si vous n’avez jamais utilisé Anki. Cela vous permettra de vous faire une idée du champ des possibles sur le logiciel.
Flashcard et fiches de cours, ce n’est pas du tout la même chose. La principale différence tient sans doute dans leur longueur. Si une fiche de cours peut s’étaler sur plusieurs paragraphes voire plusieurs pages, une bonne flashcard se doit d’être brève. Il y a bien d’autres différences qui sont abordées pour partie ici.
Si vous achetez un paquet Anki, c’est a priori pour avoir des flashcards. Comme on l’a dit plus haut, si vous voulez des fiches, l’offre existante est déjà pléthorique.
C’est bien possible de réviser des fiches de cours sur Anki, mais le logiciel n’a pas été pensé pour ça et vous risquez d’y perdre du temps.
Si le paquet qui vous fait de l’œil couvre tout le programme du concours, il y a fort à parier qu’il contient au minimum plusieurs milliers de cartes. Il sera impératif que vous puissiez naviguer dans la collection, ne serait-ce que pour identifier les cartes en lien avec l’item que vous voulez travailler.
Si vous avez déjà une façon propre de réviser (par exemple par item, ou alors par matière), il faut vous demander si l’organisation du paquet est compatible avec la vôtre.
Il faut donc au minimum que les cartes soient classées par items. Cela peut être fait via des tags ou bien via des sous-paquets. Sans ce pré-requis, il vous sera quasi-impossible de vous y retrouver.
Le paquet peut contenir une arborescence d’organisation plus ou moins développé en incluant des tags qui indiquent la matière, le rang, ou d’autres information sur les cartes.
C’est une question essentielle puisque sa réponse vous indiquera l’ampleur du travail à effecteur pour adapter les cartes.
Dans tous les cas, il faudra que vous mettiez les cartes à jour avec les nouvelles informations des nouveaux référentiels sortis depuis la création du paquet. Mais il se peut que certaines matières ne soient pas couvertes et que vous deviez donc créer des flashcards vous-même. Ce n’est pas quelque chose qui doit vous effrayer puisque cette activité est très utile pour s’approprier les connaissances ; mais c’est quelque chose à savoir.
Une question connexe est de savoir les supports utilisés pour la confection des cartes, et notamment de quelle année le paquet est à jour. Encore une fois, il ne faut pas être effrayé outre mesure par les paquets anciens tant que le programme du concours n’a pas changé depuis. En effet, de toute façon, il faudra que vous lisiez toutes les cartes au moins une fois : si le programme n’a pas changé1, il y a probablement peu de cartes à créer et juste de la mise à jour à faire (et ce n’est pas une grosse affaire que de modifier la durée d’une antibiothérapie).
Quand on créé des cartes, on les agrémente souvent de petits éléments de mise en page, que ce soit un code couleur pour en faciliter la lecture ultérieure ou des petites icônes pour les pimper. Si cela est très utile pour rendre les révisions moins mornes, cela peut gêner une personne non habituée.
Vous n’achèteriez probablement pas un référentiel déjà surligné, donc attention à la mise en forme (et aux abréviations) des cartes que vous convoitez.
Acheter un paquet de cartes a des avantages indéniables.
Le plus évident est le gain de temps que cela procure. Il y a un temps fixe pour l’appropriation du paquet et ses codes qui va varier selon la façon dont il a été fait (toutes les questions ci-dessus aide à mieux cerner ce temps fixe). Mais une fois que cela est fait, la mise à jour des cartes sera très probablement beaucoup plus rapide que la création de cartes ex nihilo.
Et il y a bien sûr des inconvénients. J’en liste plus que des avantages car j’ai eu plus d’idées de ce côté là de la balance mais ce n’est pas pour autant qu’ils pèsent plus lourds que les avantages !
La seule chose vraiment opposable, c’est le programme. De façon plus pertinente au quotidien, c’est surtout les référentiels écrits par les collèges enseignants qui sont la source primaire vers laquelle on doit se tourner.
Dès que l’on utilise un livre de fiches ou un paquet de flashcards fait par quelqu’un d’autre, on met un intermédiaire entre soit et la source primaire. Cela est un peu risqué si jamais la personne qui a rédigé la source secondaire n’a pas été exhaustive. Le risque est particulièrement prégnant pour des flashcards où on ne créé pas toujours des cartes pour des points qui nous semble évident (mais ce qui est évident pour moi ne l’est peut-être pas pour vous et réciproquement).
Le fait que vous soyez amené à mettre à jour le paquet jugule beaucoup de risque.
Cela est valable pour tout investissement financier dans vos études : si votre achat ne vous convient pas ou n’est pas efficace pour vous garantir les résultats que vous souhaitez, il ne faut pas hésiter à le délaisser pour vous concentrer sur des méthodes plus appropriées à vous.
L’argent dépensé est déjà dépensé et vous ne le récupérerez pas. Il ne faut donc pas avoir de regret à passer à autre chose s’il le faut. Attention tout de même à ne pas changer de méthode tous les quatres matins : il faut un peu usiter une méthode pour savoir si elle convient.
Le classement de la personne qui a rédigé les cartes est très souvent mis en avant. Il faut néanmoins se demander si la personne est forte grâce aux flashcards ou bien grâce à autre chose. Un paquet de cartes Anki n’est qu’un élément parmi d’autres dans une méthode de travail : le parcours de stage, les entraînements choisis, la gestion des temps de repos sont tout aussi déterminants pour la réussite. Le paquet d’une personne top 100 ne fera pas automatiquement de vous un top 1002.
Il commence à y avoir pas mal d’options disponibles et il n’est donc maintenant plus nécessaires de forcément repartir de zéro quand on veut utiliser Anki pour préparer le concours de l’internat. Chaque années de nouvelles alternatives sont proposées. Face à un outil pas forcément bien connus et des externes plus convaincants qu’un commercial de zone industrielle, il est parfois difficile de juger de la pertinence d’un achat de paquet. J’espère que cette entrée vous aura donné quelques clés pour que vous puissiez vous décider !
À ceci près que si des nouveaux référentiels sont parus, cela peut étendre le profondeur avec laquelle rentrer dans le programme. Par exemple, il y a fort à parier que mon propre paquet est partiellement obsolète à cause de la sortie du référentiel de médecine générale qui doit aborder des points qui n’étaient pas traités dans les autres référentiels et qui sont maintenant difficilement contournables vu qu’ils sont dans un référentiel. Cela n’étend pour autant pas le champ du programme pour autant : un nouveau référentiel ne peut pas ajouter des points de sémiologie à connaître s’il n’y a pas d’objectifs LiSA afférants. En revanche, il peut lister de nouveaux signes cliniques à connaître pour une pathologie où la sémiologie était déjà exigible. ↩
Et on peut même arguer qu’une personne top 100 a probablement des facilités qui lui permettent de passer outre et compenser un paquet de cartes pas forcément très bien fait. Mais je me fais plus l’avocat du diable qu’autre chose. ↩