Posted on 18 Jan 2024 — Updated on 16 Mar 2024
La réforme du deuxième cycle des études médicales, la fameuse R2C initiée à la rentrée 2021, a substantiellement modifié l’externat. Une des principales modifications a été la création des fiches LiSA1. Elles ont apporté leur lot de promesses : fin des contradictions entre référentiels, plus besoin de payer pour apprendre, facilité d’accès et ergonomie devaient être au rendez-vous. Si certains ont été déçu, j’ai pour ma part beaucoup apprécié de support qui a été un très bon compagnon pour la préparation des EDN et ma formation médicale plus largement. Dans les quelques paragraphes à venir, je vous propose quelques astuces pour utiliser au mieux les fiches LiSA.2
Il y a une fiche LiSA par item au programme du deuxième cycle, 367 donc. Chaque fiche comporte une série de paragraphes. Les titres de ces paragraphes correspondent aux objectifs d’apprentissage de chaque item. Ces objectifs sont publiés au journal officiel. Les corps des paragraphes sont des déclinaisons des objectifs. Ils n’ont aucune existence légale.
La rédaction de ces fiches a été un travail titanesque qui a dû demander la synchronisation de tous les collèges d’enseignants. Chaque fiche a été attribué à deux ou trois collèges enseignants : un chargé de l’écriture de la fiche et les autres de sa relecture. Les collèges en écriture sont souvent ceux dont le référentiel semble être la référence pour le concours. Ce n’est toutefois pas systématique car certains collèges qui n’éditent pas de référentiels largement utilisés sont parfois en écriture. C’est notamment le cas du collège des enseignants de médecine générale qui a rédigé un certain nombre de fiches et dont le référentiel est parfois même inconnu des étudiant·e·s.
Une des particularités des fiches LiSA est leur hétérogénéité. Elle découle directement de leur mode de conception : chaque collège d’enseignant a un style rédactionnel qui lui est propre. Certains vont aimer les longs textes explicatifs quand d’autres préféreront les listes à puce synthétiques. Il est probable que tout cela s’homogénéise au grès des mises à jour.
Les fiches LiSA sont donc à la fois un moyen simple d’avoir accès au programme du deuxième cycle et une source d’information hétérogène qu’il est impossible de recommander en bloc.
Les fiches LiSA ont pu initialement être présentées par les élu·e·s étudiant·e·s comme le référentiel unique qui viendrait trancher et lever les contradictions entre référentiels. Je ne sais pas si les enseignant·e·s avaient le même objectif en tête. Force est de constater que ces contradictions existent toujours.3 Comment donc considérer les fiches LiSA ?
À mon sens, elles doivent être utiliser comme un référentiel supplémentaire : au lieu d’être traité dans 9 référentiels, dites vous que l’item 224 HTA est traité dans 10 référentiels. Ce n’est pour autant pas n’importe quel référentiel, il a en effet été concoté par au moins deux collèges enseignants différents qui ont dû un minimum se concerter. Il est donc à mettre assez haut dans la liste des référentiels à consulter pour un item. Pour reprendre l’exemple de l’HTA, vous liriez très certainement le référentiel de cardiologie, et peut-être moins celui d’endocrinologique ; la fiche LiSA est sans doute à placer entre les deux.
Les fiches LiSA ne sont, à l’heure actuelle, pas un référentiel unique mais plutôt un référentiel supplémentaire.
Avant de commencer à travailler un item, il faut d’abord savoir ce qu’il y a à apprendre. Le sommaire de la fiche LiSA, constitué de la liste des objectifs publié au journal officiel, est votre meilleur ami pour ça.
En lisant ce sommaire, vous pourrez identifier ce qui est à connaître ou non. Si
une connaissance peut être rangée derrière un objectif LiSA, alors elle est
potentiellement au programme. Je dis potentiellement car c’est bel et bien le
contenu et surtout le niveau de détails des référentiels qui déterminera
l’étendue précise de ce que vous devez connaître.
Si on prend l’exemple de l’item 193 Vascularites, un des objectifs est
“Connaître les principes de la prise en charge des vascularites”, ce qui rend le
traitement de sixième intention de la granulomatose éosinophilique avec
polyangéite potentiellement au programme. Néanmoins une rapide lecture du
référentiel de médecine interne vous fera comprendre que seules les très grandes
lignes sont exigibles.
On pourrait se dire à première vue que tout peut potentiellement être rangé
derrière un objectif LiSA tant il semble vague. Il est exact que dès qu’un
objectif portant sur le diagnostic est présent, toute la sémiologie,
l’épidémiologie et les examens complémentaires sont potentiellement au programme
puisque ce sont autant d’arguments utiliser pour poser des diagnostics.
Cependant, s’il n’y a aucun objectifs qui se rapporte au traitement alors
celui-ci ne peut pas être exigible pour la validation du deuxième cycle.
Mon exemple préféré concerne l’item 335 Traumatisme facial. À la lecture du
référentiel de chirurgie maxillo-faciale, on peut avoir l’impression que tous
les traitements sont à connaître. Cependant à la lecture de la fiche LiSA, il
n’y a que le traitement d’urgence de la fracture du plancher de l’orbite qui est
à savoir. En effet, le seul objectif en lien avec le traitement est “Connaître
les principes du traitement d’une fracture du plancher de l’orbite avec
incarcération musculaire”.4
Selon que le style de rédaction soit plus une réelle fiche synthétique ou un exposé détaillé, l’utilisation ne sera pas la même.
Si la fiche propose des paragraphes longs avec des explications poussées, alors il n’y a vraiment aucune différence à faire avec un référentiel classique. Si vous avez l’habitude de travailler par item, vous devriez être dans votre élément et vous en sortir sans problème. Si vous travaillez par référentiel, c’est une bonne occasion de prendre la bonne habitude de travailler par item : lisez votre référentiel et la fiche LiSA l’une à la suite de l’autre.
Si vous êtes face à un véritable fiche, jackpot. Elle pourra vous servir pour vérifier que vous avez correctement identifié et retenu les points les plus importants de l’item. À l’inverse des fiches que l’on peut trouver dans le commerce, les fiches LiSA ont été rédigées par des enseignants et ont par conséquent une valeur plus ou moins supérieure pour l’apprentissage (de par l’expérience de leurs auteurs) ou pour le concours (de par le titre de ces mêmes auteurs).
Les fiches LiSA sont un nouveau support d’apprentissage introduit par la R2C. Bien qu’hétérogène dans leur style et leur contenu, quelques grands principes d’utilisation se dégagent. Elles permettent d’identifier rapidement ce qui est au programme ou non. Elles peuvent enfin apporter un éclairage différent ou un résumé des points cruciaux à maîtriser.
LiSA veut dire Livret de Suivi des Apprentissages ↩
Les fiches LiSA sont régulièrement modifiées. Le style de rédaction peut donc être amené à changer radicalement. En conséquence, les conseils de cette page, écrits en janvier 2024, seront peut-être rapidement caduques. ↩
J’ai très longtemps été exaspéré par ces contradictions qui me rendaient dingue… J’ai fini par comprendre un peu tard que ce n’était rien d’autre qu’un reflet de la pratique médicale et de la construction des savoirs. Il existe des débats en médecine et il est normal d’y être confronté pour un diplôme de grade master. Différentes spécialités ont différentes manière d’aborder des problèmes. Même si cela peut être frustrant, ces contradictions sont normales. ↩
Cela étant dit, la situation de départ 174 Traumatisme facial, miroir de cet item, comporte un attentu d’apprentissage “Orienter le patient vers la structure adaptée en fonction de la gravité du traumatisme et des atteintes anatomiques” qui impose de connaître les indications chirurgicales, en urgence ou non, de toutes les fractures des os de la face… ↩