Posted on 19 Dec 2024

Les stations sans PS ni PSS aux ECOS

Aujourd’hui on va aborder les stations sans patient·e standardisé·e (PS) ni professionnel·le de santé standardisé·e (PSS). Ce n’est clairement pas à ça auquel on pense en premier quand on parle d’ECOS. Mais recruter des PS et des PSS n’est pas facile compte tenu du contexte budgétaire actuel de l’enseignement supérieur en France. Tant et si bien que pour la première édition des ECOS, 60% des stations étaient des stations sans PS ni PSS. Or ce n’est pas forcément à cela qu’on s’entraîne quand on travaille en vue des ECOS. Cette entrée a donc pour but de donner quelques astuces pour aborder ces stations sereinement. Je n’aborderai pas les stations “Procédures” avec mannequin ou gestes à réaliser.

Historique

Plutôt que de se lancer dans une description théorique des stations, je préfère commencer par une petite liste des stations sans PS ni PSS qui sont tombées1 jusqu’à présent.

Il y a donc eu :

Il apparaît assez clairement que la plupart des stations demandent d’interpréter des documents : il ne s’agit pas uniquement de donner le bon diagnostic final mais il faut également être capable d’expliciter son raisonnement et montrer la rigueur et la logique qui animent ce dernier. On va essayer de voir comment.

Astuces

Montrer que l’on sait réfléchir

Je pense que le point le plus important est de réfléchir constamment à voix haute. Les examinateur·rice·s ne sont pas dans votre tête et ils ne pourront vous évaluer que sur ce que vous verbaliserez. Il ne faut pas avoir peur de dire des erreurs dans la première phase de l’épreuve où vous prendrez connaissance des documents : ce n’est que dans un deuxième temps, quand vous ferez la synthèse des résultats que vous engrangerez réellement les points de la grille. Le risque de faire mauvaise impression à cause de quelques erreurs dans cette première phase est selon moi contre-balancé par un énorme avantage : vous donner l’occasion de construire votre “personnage”.

Vous avez devant vous environ 7 minutes pour montrer aux examinateur·rice·s que vous êtes un·e futur·e interne qui sait analyser des données et réfléchir : vous devez utiliser tout le temps qui vous est offert pour donner cette impression. Une partie non négligeable des points dépasse la grille et se base sur les soft skills que vous parviendrez à mettre en avant. Par exemple, quand un diagnostic vous vient en tête, verbalisez et noter sur votre brouillon que vous chercherez les critères de gravité de ce diagnostic : cela montrera votre maîtrise de la démarche diagnostique (positif, de gravité, et étiologique). Pour montrer votre rigueur, n’oubliez jamais d’être très précis dans vos diagnostics : on parle de tuberculose maladie pulmonaire et pas de tuberculose, de myélome multiple symptomatique et pas de myélome.

Si les éléments vous viennent dans le désordre, ce n’est pas dramatique : prenez un temps en fin de station pour récapituler les choses dans le bon ordre.

Être systématique

Une autre partie importante de votre personnage est de montrer que vous êtes quelqu’un de systématique et qui adopte une démarche structurée. N’hésitez donc pas à montrer la structure de votre raisonnement. Par exemple, en ce qui concerne les prises en charge, essayez de les découper en prise en charge pharmacologique, non pharmacologique et règles hygiéno-diététiques. Si le sujet vous donne l’occasion de faire un mini-plan, sautez dessus : dans le sujet des ECOS nationaux de mai 2024 sur les conseils à donner à une femme enceinte, il peut être de bon ton de séparer les différents risques (infectieux, toxicologiques, et professionnels par exemple).

La systématicité est une notion qui est souvent évoquée dans nos études : au niveau deuxième cycle où on maîtrise encore peu la médecine et où le raisonnement intuitif est à ses balbutiements, c’est bel et bien la systématicité de vos approches qui vous permettront de transmettre les éléments pertinents demandés par des médecins plus expérimenté·e·s.

Les buzz-words

Au-delà des points de la grille et des points de soft skills, il y aussi une note de 1 à 5 qui est donnée sur votre performance globale. Elle se base bien sûr sur la grille et les points de comportement mais elle peut aussi prendre en compte d’autres éléments. Une astuce pourrait être de montrer que vous maîtrisez des principes globaux de la médecine ou des points très importants souvent mis en avant mais pas toujours cotées. Derrière tout ça, je range des éléments qui semblent si évidents qu’ils sont souvent absents des grilles mais auxquels on ne pense pas tout le temps (tant ils semblent aller d’eux-mêmes) : se laver les mains, demander le consentement, fournir une information claire et loyale, s’assurer de la bonne compréhension de ce qui a été dit, vérifier les points de ponction, etc.

Tous ces éléments que je qualifie de buzz words2 peuvent permettre de saupoudrer votre performance pour lui apporter une petite touche en votre faveur.

Les pièges à éviter

Le piège principal est de réfléchir dans sa tête par non maîtrise du format de l’épreuve ou timidité. C’est un écueil à fuir comme la peste !

Il faut également faire attention à ne pas foncer tête baissée dans une direction. Les diagnostics sont souvent évidents aux ECOS. Ce qui fera la différence, c’est votre capacité à partir en quête de tous les éléments en faveur et en défaveur du diagnostic, de grader la sévérité, de chercher les diagnostics, bref de vraiment tout faire comme dans les livres.

Au final

Les stations sans PS ni PSS sont pour le moment majoritaires, sûrement pour des raisons logistiques, humaines et financières. C’est un format qui peut surprendre et qui n’est pas le premier qui vient à l’esprit quand on parle d’ECOS. C’est pour ces raisons qu’il faut bien se l’approprier : savoir transmettre son raisonnement et la rigueur de celui-ci.

  1. Nous disposons à ce jour (décembre 2024) de 3 sessions de 5 stations rédigées sous la houlette du conseil scientifique en médecine : les ECOS blancs nationaux de 2024, et les 2 jours d’ECOS nationaux de 2024. Leur format est bien particulier et s’éloigne parfois fortement de ce que l’on peut trouver dans les livres du commerce. 

  2. Cette qualification est très abusive car c’est justement des notions qui devraient transcender les modes pour être un socle commun à la pratique médicale. Mais j’aime bien le terme. 

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