Posted on 24 Jun 2024
Première adaptation pour mon site internet d’un tutoriel réalisé dans le cadre du groupe Facebook Anki x ECNi ! Et pas des moindres, puisqu’on abordera dans cette entrée un des sujets les plus cruciaux d’Anki : comment faire des bonnes flashcards ?
Cette entrée tire une partie de son contenu des 20 règles de formulation du savoir.
Avant de savoir comment faire une bonne flashcard, il est de bon ton de définir ce qu’est une flashcard.
Commençons par dire ce qu’une flashcard n’est pas : une flashcard n’est pas une fiche de cours. Comme son nom le suggère, une flashcard doit être courte, afin d’être rapide à répondre. Se pose ensuite assez logiquement la question de la longueur idéale d’une flashcard. Ce n’est pas une question évidente et nous y reviendrons plus bas.
Pour mieux les définir, il peut être utile de se remémorer les flashcards des temps anciens. À l’origine, une flashcard, c’était une feuille de papier Bristol format A5 ou A6 avec une question sur le recto et la réponse sur le verso. Même si Anki offre beaucoup d’autres possibilités, c’est ce concept qu’il numérise et pour lequel il est conçu.
On va développer ici quelques principes généraux que toute flashcard devrait respecter. Il existe des situations où il faut dévier de ces principes ou les tordre. Néanmoins, dès que c’est le cas, il faut se demander si cela en vaut vraiment le coût.
Ce principe est à la fois le plus important et le plus difficile à respecter. Comme on sera souvent obligé de passer outre, il est essentiel de bien le comprendre pour savoir ce que cela implique pour nos révisions.
Idéalement, une flashcard ne doit interroger que sur une seule information. Si ce n’est pas le cas, l’algorithme d’Anki aura du mal à planifier correctement vos révisions.
Mettons que je veuille apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur le muscle coraco-brachial : son insertion, sa terminaison, sa fonction, son innervation, et sa vascularisation. Il y a grosse modo 2 stratégies naïves :
Maintenant, admettons que je tombe sur cette unique carte et que, manque de chance, je me souvienne de tout sauf de l’innervation. Comment est-ce que je réponds à la carte ?
Correct
? Mais je ne connais pas toute la carte…
Anki ne pourra pas savoir que je ne connais pas l’innervation. Je ne vais pas
voir la carte plus régulièrement et je ne vais jamais me souvenir de
l’innervation ;À revoir
? Mais je connais la plupart des informations
de la carte… Anki va me montrer la carte plus fréquemment et je vais perdre
du temps à réciter insertion, terminaison, fonction et vascularisation que je
connais déjà.On pourrait se dire que À revoir
est le moindre mal : un peu plus de révisions
certes, mais au moins on apprendra le contenu de la carte. Malheureusement ce
raisonnement se heurte à l’étendue du programme de vos examens : pour un
programme type deuxième cycle des études médicales, vous avez tellement de
choses à apprendre que vous pouvez difficilement vous permettre de perdre du
temps à réciter inutilement des points que vous connaissez déjà. Toutefois,
l’option Correct
est encore pire puisque vous n’allez pas apprendre le contenu
de vos flashcards (alors que c’est exactement pour ça que vous utilisez Anki).
La seule solution viable est de couper le nœud et créer 1 flashcard pour 1 information. Prima faciæ, on peut penser que ça va nous faire perdre du temps puisque l’on aura plus de cartes à réviser. Il n’en est rien puisque chacune vos flashcards seront plus courtes, vous mettrez moins de temps à y répondre.
Deux obstacles peuvent sembler bloquer la voie “1 flashcard, 1 information” :
Il est d’une importance que je ne pourrais souligner assez avec tous les adjectifs de la langue française de comprendre avant de ficher.
La création d’une flashcard est pour certain·e·s l’étape la plus utile pour la mémorisation, plus encore que les révisions ultérieures de la flashcard. La rédaction du recto et du verso de votre flashcard implique de comprendre l’information que vous voulez ficher, de la reformuler, éventuellement de synthétiser plusieurs sources différentes, bref de vous en approprier le contenu. Il est impossible de correctement passer cette étape si vous n’avez pas compris le cours.
Il ne s’agit pas uniquement de comprendre indépendamment les différentes informations du cours, mais également d’acquérir une intuition de sa structure. Si vous arrivez à faire ce travail correctement, les inconvénients de l’éclatement de l’information imposée par le principe “1 flashcard, 1 information” auront tout de suite beaucoup moins de prise sur vous.
Le recto de vos cartes doit être le plus simple possible pour être rapidement identifiable.
Si vous mettez des longues phrases sur le recto de vos cartes, le temps de lecture va casser le rythme de vos révisions. Il y a aussi le risque de se tromper et de répondre à une mauvaise question.
La solution est donc d’utiliser des formulations simples sur le recto de ses cartes ou d’utiliser à bon escient les options de formatage comme le gras ou la couleur pour faciliter l’identification des informations que la carte demande de restituer.
Pimpez vos cartes ! Que ce soit avec de la couleur, de l’italique, du souligné, des illustrations, des moyens mnémotechniques, des petites blagues ou encouragements, lâchez-vous !
Il faut trouver un compromis entre l’austérité nécessaire à la concentration pour les révisions, et le petit brin d’originalité qui vous maintiendra motivé·e.
Le travers dans lequel il ne faut cependant pas tomber est de passer plus de temps à faire de la mise en page ou de la micro-optimisation qu’effectivement travailler.
Conséquence assez logique du premier point, il faut éviter autant que possible les longues listes à réciter.
Malheureusement c’est une pétition de principe qu’il est quasi impossible de respecter si l’on veut apprendre la médecine2. La seule chose à faire est de limiter la taille des listes en les scindant en plusieurs cartes avec la méthode de sommaire esquissée plus haut. À vous de voir quelle taille maximale vous tolérez, pour ma part, c’est difficile d’aller au-delà de 6 éléments.
Quelques principes devraient guider la création de toute flashcard :
Il est très fréquent de devoir dévier de ces principes, cela peut impacter vos révision à long terme :
Il faut juste en avoir conscience. Anki est un logiciel ultra-malléable donc vous pourrez toujours vous adapter !
J’implémente ces solutions dans mon paquet pour les EDN. J’utilise le dernier addon que j’ai codé moi-même. Si vous vous lancez vous-mêmes dans la rédaction de vos flashcards, je vous conseille ne pas utiliser mon addon et de choisir un des deux autres dont les codeurs sont plus expérimentés que moi. ↩
En fichant le programme du deuxième cycle des études médicales en France, on réalise très vite que la quasi-totalité du travail se résume à apprendre à des listes de listes de listes : signes > signes physiques > signes neurologiques > syndrome cérébelleux > syndrome cérébelleux cinétique > hypermétrie ; traitement > traitement étiologique > traitement pharmacologique > antibiothérapie. ↩