Posted on 19 Jan 2024 — Updated on 16 Mar 2024

Comment utiliser les recommandations pendant l'externat ?

Selon la hiérarchie des normes du deuxième cycle des études médicales, les sources qui font foi pour les EDN sont dans l’ordre :

  1. Le respect de l’AMM du médicament
  2. Les recommandations de la HAS et de l’ANSM
  3. En cas d’absence de recommandations de la HAS et de l’ANSM, les pratiques en vigueur recommandées par les collèges de spécialité et les sociétés savantes françaises seront appliquées.1

On voit que les recommandations ont une place de choix et que, curieusement, les référentiels des collèges enseignants ne sont même pas mentionnés ! Comment expliquer cela ? Comment utiliser les recommandations ? Quelques réponses se trouvent dans les paragraphes à venir.

Recommandations 101

Qu’est-ce qu’une recommandation pour commencer avec ?

C’est un document, publié par une société savante, qui se donne pour objectif d’expliquer comment les médecins devraient faire leur travail. Elles sélectionnent un sujet plus ou moins précis (l’hypertension artérielle de l’adulte, les consultations de suivi de la grossesse, ou encore la téléconsultation) et détaillent ensuite un certain nombre de principes et bonnes pratiques à appliquer pour bien faire son travail. Ces façons de faire vont s’appuyer sur 2 grands types de sources. Ou bien des articles scientifiques publiées dans des revues à comité de lecture, bref sur la science™. Ou bien sur des accords d’expert, bref des médecins qui se réunissent pour décider de la meilleure façon de prendre soin des patient·e·s en l’absence de données probantes de la science.2.

Qui les écrit ?

En France, des agences sanitaires3 ou d’autres organismes compétents en rédigent. Parmi eux, la Haute Autorité de Santé (aka HAS) tient une place toute particulière de par sa position dans notre hiérarchie des normes et par l’étendue des sujets qu’elle aborde. À côté de ces structures liées à l’État, des groupements de médecins publient aussi leur texte. Vous rencontrerez donc peut-être pendant votre externat la SFAR (Société Français d’Anesthésie Réanimation), le CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français), le GRIO (Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses) et plein d’autres acronymes.

Où les trouver ?

Très souvent sur le site internet de la structure qui les a rédigées. Un petit coup de Google fait très souvent l’affaire.

Intégrer les recommandations dans son workflow

Bon maintenant que l’on sait ce que c’est, comment on s’en sert ? Tout d’abord, il est important de préciser que leur lecture n’est pas du tout un passage obligé de l’externe.4 Si toutefois, vous décidez d’en lire certaines, quelques moments privilégiés pour le faire sont proposés ci-après.

Pour avoir un éclairage différent lors de son énième tour

La lecture des référentiels des collèges doit rester la source principale avec laquelle on aborde les connaissances au programme du deuxième cycle et ce pour beaucoup de raisons.5 Ce n’est donc pas lors de votre premier tour sur un item qu’il est pertinent de se lancer dans les recommandations. C’est plutôt lors d’un dernier tour avant les partiels, ou lors d’un tour pendant un été ou l’année suivante, qu’elles peuvent être utiles.

Les recommandations ayant pour objectif de guider la pratique des médecins, elles peuvent mettre en évidence les points les plus importants de la prise en charge6. Elles peuvent donc être un outil approprié pour une révision ciblée sur l’essentiel.

Pour lever des contradictions

Compte tenu de la hiérarchie des normes évoquée en introduction, une recommandation émise par la HAS peut permettre de lever des contradictions entre plusieurs référentiels.7 En effet, si un élément différence entre le référentiel de machinologie et le référentiel de médecine truc, et qu’une recommandation HAS existe, vous avez de bonnes raisons de penser que c’est ce qui est écrit dans cette recommandation qui fera foi pour le concours. Cela dit, il est important de noter que ces points de discordance ne font généralement pas l’objet de questions…

Pour prendre de la hauteur

Contrairement aux référentiels qui sont censés être écrits à destination des étudiant·e·s en deuxième cycle des études médicales, les recommandations ont comme public cible des médecins. Leur lecture est donc l’occasion de se confronter aux documents auxquels vous aurez affaire pour le restant de votre carrière. Cela peut permettre de varier un peu les supports pour rendre vos révisions moins ternes et garder en vue l’objectif de pratiquer la médecine pour de vrai.

Au final

Les recommandations sont un outil que les médecins sont amenés à manier pour mettre à jour leur connaissance. C’est aussi un des supports qui tranchent le débat pour ce qu’il y a à savoir pour les EDN et les ECOS. Elles peuvent donc être utiles pour lever des contradictions apparentes ou réviser en ayant un but pratique en tête. Cependant, il est bien souvent inutile de les lire puisque c’est sur leur base que les référentiels des collèges sont écrits.

  1. Le conseil scientifique en charge de la rédaction des sujets du concours de l’internat publie un communiqué de ce type chaque année en rappelant ces règles. 

  2. Pour en savoir plus, vous pouvez vous reportez aux items 3 ou 326 du programme du deuxième cycle version 2021 qui abordent plus en détails les différentes méthodes d’élaboration des recommandations. 

  3. Pour en savoir plus, vous pouvez vous reporter au difficile item 16 qui explique en long en large et en travers toutes les structures qui interviennent dans le système de santé en France. 

  4. Quand je dis ça, je veux dire que je pense que la lecture des recommandations n’a pas un rôle causal dans la réussite au concours de l’internat. À vrai dire je ne pense même pas que cette lecture soit ne serait-ce qu’associée à un meilleure classement. Pour penser ça, je me base sur l’échantillon très limité de mes connaissances directes. 

  5. Elles seront peut-être abordées un jour dans une autre entrée. 

  6. Certain·e·s préfèrent le terme de prise en soin au terme de prise en charge. Si on peut reconnaître la péjorativité de l’expression consacrée, je pense néanmoins qu’elle est si répandue que son sens n’est plus strictement compositionnel de ses sous-éléments. 

  7. Comme évoqué dans une autre entrée, il ne s’agit pas à proprement de contradictions mais l’expression est tant utilisée qu’elle doit être employée. 

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