Posted on 27 Apr 2024 — Updated on 06 Jun 2024
La période de révisions des EDN est particulière à plusieurs titres ! Tout d’abord, elle se déroule pendant les vacances d’été, moment rarement investi par le travail en médecine. Par ailleurs, elle a aussi lieu alors que les universités sont souvent fermés ou en fonctionnement réduit. Ensuite, longue d’environ 3 mois, elle laisse difficilement le temps de revoir l’intégralité du programme plusieurs fois. Enfin, c’est le retour du temps sans stage pour tou·te·s les externes en demie-journées.
Tout cela fait que l’on peut se sentir un peu perdu face à toutes ces semaines qu’il va falloir non seulement occuper mais rentabliser autant que faire se peut. Cette entrée a pour but de vous fournir quelques clés pour tirer le meilleur parti de cette période.
Comme toujours, avant de se lancer tête baissée dans un projet, il est bon de savoir vers quoi on se dirige. Pour les révisions des EDN, il faut donc se demander ce que l’on souhaite retirer des EDN, et ensuite ce que l’on souhaite faire de ces révisions.
Évacuons d’emblée les tirades expliquant que l’on ne travaille pas pour les EDN mais pour être un·e médecin compétent·e. C’est tout à fait vrai, mais vous êtes maintenant à un stade où vous devriez avoir validé tous vos partiels : votre UFR a donc estimé que vous seriez a minima un·e interne compétent. Pendant cette période de révisions, c’est principalement voire uniquement pour les EDN que vous allez travailler. Il convient donc de se demander ce que vous voulez obtenir comme classement.
Vous n’allez en effet pas passer le même été si votre objectif est d’assurer le 14/20 aux EDN ou si vous voulez un couple ville-spécialité qui part avant 500. Bref, il faut que vous vous posiez la question du classement que vous voulez obtenir. Pour la plupart des gens, cela équivaut à se demander où et dans quoi on veut faire son internat puis regarder quel est le rang correspondant. Un outil très utile pour ça est ce site du CNG (l’opérateur des EDN) qui répertorie les rangs limites de chaque couple-ville spécialité : autrement dit le rang de la personne à avoir pris le dernier poste disponible. Quelques points à garder en tête pour guider l’interprétation de ces rangs limites :
Une dernière étape consiste à comparer le classement désiré à votre niveau actuel. Si vous êtes dans une UFR qui a 800 étudiants par promo, vos classements de partiels sont un bon indicateur. Si vous n’êtes pas dans ce cas, une moyenne de vos classements en conférence TACFA rapporté sur 8000-10000 (nombre d’étudiant·e·s classé·e·s en général) peut vous donner une autre estimation. Gardez bien en tête que tout ça n’est rien de plus que ça : des prévisions. On entend souvent dire que “rien n’est joué”. C’est faux dans le sens où il est statistiquement peu probable de passer d’un dernier décile de promo au premier décile des EDN. C’est vrai dans le sens où il faut continuer de travailler jusqu’aux EDN pour consolider vos acquis et vous améliorer. Fort heureusement, c’est possible et si vous êtes en train de lire cette entrée, vous êtes conscient·e de ces enjeux !
En ayant en tête votre objectif de classement et votre niveau actuel, vous devriez avoir en main les éléments pour fixer les principaux objectifs de vos révisions. Schématiquement, il y a 2 activités qui vous occupez la quasi-totalité de votre temps de travail sur cette période : réviser vos cours et vous entraîner.
La période de révisions dure un peu plus de 3 mois. Selon la vitesse à laquelle vous révisez un item, il est possible que vous n’ayez pas le temps de faire un tour complet du programme. Pas de panique si c’est le cas ! La tâche sera alors de sélectionner les items à revoir.
Dans la liste suivante, vous trouverez des suggestions de stratégie pour choisir quoi revoir :
S’il y a bien une phase de votre externat où l’entraînement aux QCM est indispensable, c’est bien pendant les révisions d’été avant les EDN. Cela peut paraître trivial mais c’est bien de l’avoir en tête :
Le meilleur moyen de savoir répondre à des QCM, c’est de s’entraîner à répondre à des QCM.
Le challenge va être de sélectionner les meilleures sources d’entraînement :
De la même façon que la période est trop courte pour faire plusieurs tours des items, elle est également trop brève pour pouvoir espérer épuiser entièrement ces sources d’entraînement. Il faudra donc faire des choix. En dehors des annales qui sont réellement indispensables, à vous de voir pour le reste !
Maintenant vous devriez avoir une petite idée de ce que vous souhaitez réviser cet été et sur quoi vous voudriez vous entraîner. Toutefois, avant d’étaler toutes ces tâches dans le temps, il faut prendre en compte les autres éléments qui viendront rythmer votre été.
Tout d’abord, il y aura le stage qui devrait durer jusqu’à la mi-juillet environ. Si vous êtes dans un stage “planque”, pas grand chose à prendre en compte. Si vous êtes dans un stage qui requiert votre présence, pas de panique, il y a beaucoup de choses à en retirer. Déjà cela vous fera voir des gens et sortir la tête des livres : la période de révision est peut-être trop courte pour tout revoir, mais elle est suffisamment longue pour être potentiellement éprouvante (et on verra plus bas comment faire pour qu’elle le soit le moins possible). Ensuite cela vous permettra d’affiner votre sens clinique et mettre en lien toutes les connaissances du programme : c’est normalement le premier stage de votre externat où vous avez enfin fini d’apprendre tous les items. C’est donc le moment de créer des liens et s’intéresser à tous les problèmes de santé de vos patient·e·s. Enfin profitez de vos encadrant·e·s : posez leur vos questions pour lever les dernières incompréhensions qui pourraient gêner votre apprentissage.
Côté obligation universitaire, votre UFR vous proposera peut-être des cours ou des conférences pendant l’été. Encore une fois, vous êtes les plus à même de juger de leur qualité. Quoiqu’elle soit, cela peut être une bonne occasion pour rythmer sa semaine et forcer une certaine régularité dans votre travail. Côté conférence, il y a fort à parier que le TACFA propose également un tour d’été !
Il y aura certainement des concours blancs proposés pendant l’été : national, régional, ou via des tutorats/entreprises. C’est le moment de vous entraîner en conditions réelles : faire des QCM pendant 3 heures, enchaîner 2 LCA de suite, chose qu’on ne fait pas forcément pendant l’année (souvent les examens facultaires sont bien plus courts). Cela vous donnera également une idée du classement auquel vous pouvez prétender avec votre niveau actuel. Il ne faut cependant pas que cela vous décourage :
Enfin et c’est vraiment très important, il faut aussi prendre du temps de vacances sur cette période. Les truismes si répétés qu’ils en deviennent insupportables sur l’importance du repos pour l’efficacité au travail ont pourtant une grande part de vérité. Vous sortez d’une année universitaire bien chargée, vous enchaînerez sur une 6e année non moins éprouvante : vous ne pouvez pas vous permettre de ne pas prendre du temps pour vous cet été. Cela peut prendre plusieurs formes : un jour ou une demie-journée sanctuarisée dans la semaine pour se détendre, ou bien quelques semaines de coupure pendant l’été, ou une combinaison de tout ça. Comme il a déjà été répété plusieurs fois, la période est de toute façon trop courte pour tout revoir : ce n’est donc pas quelques jours de travail en moins qui changeront complètement la donne1.
Avec tous ces éléments en main, vous avez tout ce qu’il faut pour vous concocter un planning de révisions pour l’été. Je n’ai pas grand chose à ajouter à ce que j’ai détaillé dans cette entrée.
Petit encart pour la LCA : n’hésitez pas à sanctuariser des moments de la semaine pour vous y entraîner.
C’est la source sur laquelle vous devrez passer un temps conséquent de votre été. Un peu de petite histoire pour mieux comprendre pourquoi elles sont essentielles. En 2017, une épreuve de ce qui s’appelait encore les ECN a été annulée car un sujet avait déjà été utilisé dans une conférence/partiel facultaire. Tous les étudiant·e·s ont dû être reconvoqué·e·s le lendemain pour passer une épreuve de rattrapages. Suite à ce que beaucoup ont appelé un “fiasco”, l’équipe d’enseignant·e·s en charge de la rédaction du concours aurait été gentiment remerciée et remplacée par un nouveau conseil scientifique en médecine. C’est peu ou prou la même équipe qui rédige les sujets depuis 2018 avec un esprit bien à eux que peu de sources arrive à reproduire (et c’est particulièrement vrai pour la LCA).
Faire les annales est impératif pour mieux comprendre cet esprit et ainsi adapter vos révisions pour cibler les points réellement importants des différents items au programme. C’est également un investissement très rentable car certaines questions (voire des dossiers entiers) reviennent quasiment à l’identitique d’une année à l’autre.
Mais qu’est-ce que c’est que cet esprit ? Ça serait assez long à définir. La chaîne YouTube d’Asclepia2 contient pas mal de vidéos qui fournissent des bonnes pistes. On peut quand même essayer de dégager ici quelques grands principes.
Ou trouver les annales ? Elles sont disponibles sans correction sur le site du CNG. Il n’y a pas de correction officielle mais uniquement des propositions plus ou moins étayées faites par des entreprises que vous connaissez certainement de réputation : soit des sites internets, soit un livre que vous trouverez certainement dans votre BU préférée.
Comment les faire ? Certain·e·s préféreront les faire en conditions réelles d’affilée : en se bloquant quelques demies-journées pour plus ou moins reproduire le format du vrai concours. D’autres choisiront plutôt de les étaler sur toute la période, pourquoi pas par matière/item au grès de ses révisions.
Comme dit plus haut : tout tombe. Chaque item peut faire l’objet d’une question. C’est d’autant plus vrai que la pondération des rang B par groupe de DES impose que chacun de ses groupes soit représenté par un nombre suffisant de questions de rang B (en pratique une grosse dizaine). Pour autant, l’objectif est d’inciter les étudiant·e·s à travailler leurs items intelligemment en ayant l’internat en ligne de mire. C’est donc surtout des problèmes cliniques courants et/ou graves que vous rencontrerez. On cherche aussi à vous faire réfléchir3 : il y a donc des questions qui vous demanderont quels sont les signes cliniques en faveur d’un diagnostic ou quels sont les diagnostics compatibles avec des signes cliniques.
C’est encore plus simple de définir ce que n’est pas l’esprit du conseil scientifique en médecine actuel : ce ne sont pas les rang Z, ce ne sont pas les traitements de énième intention, ce ne sont pas les points où les différents référentiels divergent.
La LCA aux ECN, ça ne ressemble qu’à la LCA des ECN à l’heure où ces lignes sont écrites. C’est encore plus compliqué de résumer l’esprit, donc voilà quelques pistes :
Même si vous plannifiez tout à l’avance, la période de révision vous résevera sûrement quelques surprises, bonnes ou mauvaises. Ce n’est pas forcément une période facile : c’est l’été et vos connaissances extra-médicales sont peut-être en vacances, c’est long, vous pouvez avoir la fausse impression de jouer toute votre existence sur ce concours4, enfin il peut arriver des choses dans votre vie personnelle.
Ne pas aller bien, faire plus de pauses que prévues, ne pas avancer comme on l’avait prévu : c’est normal. Cela ne doit pas vous démoraliser outre mesure. L’important est de rebondir. Prévoir des créneaux tampons dans son emploi du temps pour anticiper ces imprévus peut s’avérer utile.
Sans pour autant tomber dans des truismes plus triviaux les uns que les autres, prenez soin de vous, reposez sur vos proches en cas de besoin, mangez bougez point fr, demandez de l’aide en cas de besoin. Il est important d’arriver aussi serein·e que faire se peut au concours.
Quand commencent les dernières semaines ? C’est à vous de choisir ! Qu’est-ce qui les définit alors ? C’est le moment où vous arrêtez les révisions “classiques” pour vous lancer à fond dans la dernière ligne droite. Pour éclaircir un peu, voilà quelques formes que peut prendre cette période :
Concrètement cette période couvre grosso modo le dernier mois avant le concours. Si on parle de dernière ligne droite, il ne faut pas pour autant que ce soit un sprint au bout duquel vous arriviez lessivé·e au concours. Ça peut donc aussi être le moment de lever un peu le pied sur les révisions et, par exemple, s’accorder une demie-journée de pause de plus par semaine. Pour certain·e·s, ça sera l’occasion de réellement sprinter avant de ralentir le rythme sur la toute fin.
Que faire la semaine avant le concours ? Ce n’est probablement pas là que vous apprendrez le plus. Que ce soit à cause du stress ou du manque de temps pour emmaganiser les connaissances, on peut même se demander si c’est fair-play de gagner des places sur des révisions de dernières minutes6.
Vous avez passé un sacré paquet de partiels depuis votre entrée à l’université7: vous vous connaissez et vous savez comment gérer votre stress sur cette fin de course. Le plus important dans ces derniers moments, c’est d’arriver aussi efficace et reposé que possible pour le concours.
Profiter des (ou du) dernier jour pour vous sortir, jouer, lire, chanter, danser, visionner un film, bref pour vous détendre !
La période de révisions des EDN n’est pas facile : elle ne tombe pas au bon moment et sa durée est suffisamment longue pour être éprouvante et suffisamment courte pour ne pas avoir le temps de tout faire en long, en large, et en travers. Pour en tirer le plus possible : fixez vous des objectifs clairs dès le début, faites un planning qui comprend des zones tampons et des moments de pause, ne négligez pas les annales, et surtout ménagez vous, en particulier sur les derniers jours.
Je ne concluerai pas avec des formules creuses et peut-être fausses comme quoi le travail paye, que vous serez forcémeent satisfait·e si vous avez beaucoup travaillé, qu’il faut se donner à fond pour n’avoir aucun regret. Je dirai plutôt que, depuis 2018, l’écrasante majorité8 des questions des EDN portent sur des points importants et pas des détails inutiles. Si vous révisez avec ce constat en tête, tout le temps investi dans ces révisions ne sera pas perdu puisque vous aurez travaillé des connaissances pertinentes qui vous seront très certainement utiles pendant votre internat. Autrement dit, peu importe votre classement, réviser intelligemment vous prépare à bien plus qu’au concours9.
Je ne m’avancerai pas trop sur la solidité de cet argument face à une analyse approfondie mais il sonne plutôt bien je trouve. ↩
Je n’ai aucun lien, notamment financier, avec leur équipe. ↩
Dans les limites étroites que le deuxième cycle offre. ↩
Alors que c’est très probablement pas le cas pour de multiples raisons dont celle-ci que j’aime beaucoup. ↩
Physique ou numérique, c’est un document où vous consignez les erreurs que vous avez fait en QCM. ↩
Oui c’est de la provoc. ↩
Fun fact : vous n’êtes peut-être pas étudiant·e à l’université sans même le savoir ! ↩
Il y a en effet quelques questions hors-programme ou vraiment far-fetched chaque année, on en entend beaucoup parler, mais ça concerne moins de 2-3% des questions. ↩
La·le lecteur·rice attentif·ive aura remarqué que c’est l’exact inverse de ce que je dis dans l’introduction. ↩