Posted on 25 Sep 2024
Le but de cette entrée est de fournir des éléments de réponse à une question sans cesse posée et reposée sous tout un tas de formes sur les groupes Facebook d’étudiant·e·s en médecine1 : qu’est-ce qui est au programme du concours de l’internat ? que faire quand 2 référentiels se contredisent ? comment ça se fait que tel connaissance soit rang A ici et rang C là-bas ?
Le contenu de cette entrée a déjà été évoqué ailleurs sur ce site. C’est aussi une généralisation de cette entrée sur les classifications TNM.
Le programme du deuxième cycle des études médicales est disponible sur Legifrance2.
C’est le seul document qui est opposable : si une connaissance ne s’y trouve pas, elle ne peut pas faire l’objet de questions aux EDN et vous pourrez faire des recours si cela est le cas. C’est capital de bien comprendre ce point : les référentiels des collèges n’ont pas de valeur3 : ils ne sont pas opposables. Pourquoi diable donc s’enquiquiner à lire les référentiels si le programme fournit tout ce qu’il y a à savoir ?
Pour ce qu’il s’agit des items, on remarque que le programme correspond en réalité uniquement au sommaire des fiches LiSA. Clairement pas de quoi remplacer un référentiel… Comment fait-on alors ?!
Dans les faits, une connaissance est potentiellement au programme quand elle est rangeable derrière un objectif LiSA. Par exemple, si l’on prend l’item 193 Vascularites, un des objectifs est “Connaître les principes de la prise en charge des vascularites”, ce qui rend le traitement de sixième intention de la granulomatose éosinophilique avec polyangéite potentiellement au programme. On se rend compte de l’importance du “potentiellement”…
Comment donc faire la part des choses entre ce qui est potentiellement au programme mais qui ne l’est pas et ce qui est vraiment au programme ? Deux approches sont possibles :
Le tableau dressé ci-dessus n’explique pas pourquoi il y a des discordances de rang entre référentiels (et notamment comment des connaissances hors programme se retrouvent au programme dans certains livres [autrement dit comment du rang C se retrouve en rang A ou B]). Pourquoi donc alors ?
Premièrement il faut bien comprendre quelle est la nature et le public des référentiels des collèges. Il ne s’agit pas uniquement de livres destinés aux externes. Si l’on prend le temps d’en lire les préfaces et les quatrièmes de couverture, on voit qu’ils sont également adressés aux internes et aux médecins diplômés. Pour certains, l’objectif est de constituer un authentique traité introductif à leur discipline. Il est donc attendu que des connaissances allant au-delà du programme du deuxième cycle s’y retrouve6.
Deuxièmement, et c’est de la pure spéculation, mais il est possible que la détermination des rangs dans un référentiel ne se fasse pas avec le programme sous les yeux mais plutôt en suivant l’avis des expert·e·s qui l’ont rédigés. Un grain de zèle pour sa spécialité peut expliquer des “promotions de rang” parfois surprenantes.
Si ces discordances sont réelles, leur impact sur les révisions sont en réalité faible pour au moins deux raisons.
Tout d’abord, force est de constater que la distinction rang A vs. rang B n’a pas beaucoup de conséquences opérationnelles sur la façon dont on révise nos cours. Tout au plus se concentrera-t-on peut-être un peu plus sur les rang A si on est limite pour la barre des EDN. Se concentrer sur les rang B de son groupe de spécialités rêvé est un pari ambitieux dans la mesure où, sur 300 questions, seule une petite dizaine seront coefficientées pour ce groupe. Qu’une connaissance soit rang A dans un référentiel et rang B dans un autre n’a donc pas de conséquence sur la façon dont l’on travaille au quotidien.
Enfin, si l’on fait preuve de bon sens, que l’on croise les référentiels et que l’on applique la petite heuristique que je vais décrire dans le prochain paragraphe, les rares connaissances réellement rang C et indiquées rang A ou B dans les référentiels sont facilement mise de côté.
Le plus simple est de faire confiance aux référentiels. Dans 90% des cas, vous ne prenez aucun risque en faisant ça. C’est bien plus simple de prendre le référentiel comme argent comptant que s’amuser à faire de la paléographie en croisant 50 sources différentes pour chaque nouveau paragraphe. Faites confiance à vos enseignant·e·s ! Vous allez peut-être apprendre un peu de points hors programme, mais tant qu’ils ne demandent pas un effort démesuré, vous aurez gagné de la tranquillité d’esprit.
Néanmoins, quand on tombe sur une connaissance qui n’a pas l’air de trop aider à être un interne compétent aux urgences ou qui semble surspécialisée, et qui demanderait un gros effort pour être apprise, il peut être utile de se demander si elle est vraiment au programme7.
Dans ces situations, on repart du sommaire des fiches LiSA, et on cherche s’il y a un objectif derrière lequel on peut ranger la connaissance. Si c’est le cas, elle est potentiellement au programme. Si vous n’avez toujours vraiment envie d’apprendre le point de cours que vous êtes en train d’explorer, vous pouvez comparer différents référentiels pour voir s’ils l’aborde tous. S’il ne se trouve que dans un seul référentiel, connu pour être très voire trop exhaustif pour le deuxième cycle, peut-être que vous pouvez zapper.
Une ultime technique consiste à comparer des intitulés d’objectifs LiSA similaires. Par exemple, on peut se demander si les molécules du traitement de l’endocardite infectieuse sont réellement à connaître. L’objectif dit de “Connaître les principes du traitement antibiotique de l’EI”. On peut se reporter à un objectif similaire pour lequel il n’y a aucun doute sur le fait qu’il faille connaître les molécules. Par exemple, pour le purpura fulminans, il faut “Connaître la prise en charge thérapeutique d’un purpura fulminans”. On voit que la formulation diffère alors que les objectifs ont a priori été rédigés par les mêmes personnes. On peut donc raisonnablement penser qu’il ne faut pas connaître les molécules mais uniquement les principes (bactéricide, forte dose, prolongée, etc.). Cela étant dit, attention à ne pas tomber dans la sur-analyse du programme. Le plus simple reste généralement de faire confiance aux référentiels : peut-être apprendra-t-on un peu trop, mais on gagnera surtout de la tranquillité d’esprit !.
Le programme du deuxième cycle des études médicales ne donnent pas une liste précise de connaissance à acquérir mais plutôt une méthode pour déterminer si une connaissance est à connaître. Dans l’extrême majorité des cas, pas besoin d’appliquer cette méthode : il suffit de faire confiance aux référentiels des collèges rédigés par vos enseignant·e·s. Dans certains cas néanmoins, vous pouvez appliquer les méthodes sus-décrites.
À vrai dire, le but est aussi de pouvoir donner un lien vers cette entrée pour m’éviter de retaper sempiternellement la même chose. ↩
Il est possible que ce lien meurt bientôt, auquel cas vous
pourrez vous en tirer sur Google avec programme dfasm legifrance
. À noter
que ce lien ne renvoie que vers le programme des items (qui a été modifié
plusieurs fois en cours de cycle pour la première promotion R2C). Le
programme complet se trouve ailleurs. ↩
C’est un peu plus compliqué que ça en réalité comme évoqué dans cette entrée. ↩
Pour être tout à fait exact, les enseignant·e·s ne connaissent pas tous parfaitement le programmme. Et c’est bien normal ! Comme elles·ils sont spécialistes de l’enseignement et du deuxième cycle, ils font appel à leur bon sens qui n’est pas parfaitement co-extentionnel avec le contenu réel du programme. Quel serait l’intérêt d’être un parfait exégète du programme du deuxième cycle des études médicales ? Cela étant dit, les divergences sont suffisamment rares pour les ignorer. ↩
Major spoiler mais de ce que j’en ai compris, il s’agit de former de futurs internes capables de prendre des gardes en urgences en toute sécurité et avec une culture médicale large sans être trop profonde. ↩
Même si c’est facilement perdu de vue, l’apprentissage par cœur de connaissances ne s’arrête pas avec l’externat et il reste beaucoup à apprendre et acquérir pendant l’internat. ↩
Il s’agit typiquement des classifications TNM, ou des fameux “gaz du sang de la teub” du référentiel d’urologie. ↩